D’ici 15 ans, 1 belge sur 5 aura plus de 65 ans, et presque 3% de la population sera âgée de plus de 85 ans. Ayant à l’œil le vieillissement de la population, les décideurs politiques ont demandé au Centre Fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) une estimation scientifique du nombre de lits nécessaires dans les maisons de repos au cours des 15 prochaines années. Grâce à la collaboration avec le Bureau fédéral du Plan, un modèle de projection a été développé. Les estimations réalisées indiquent que le nombre total de lits nécessaires à l’horizon 2025 est compris dans une fourchette allant de 149.000 à 177.000 lits, soit une augmentation annuelle de 1.600 à 3.500 lits supplémentaires selon les scénarios. La limite inférieure de 149.000 lits n’est toutefois suffisante que si l’offre de soins à domicile augmentait de 50% au-delà du développement requis par le vieillissement. Les 15 prochaines années doivent être considérées comme une période de grâce. Après 2025, la demande sera plus forte encore.
En 2010, 17% des Belges étaient âgés de plus de 65 ans. Cette proportion s’élèvera à 21% en 2025 et 26% en 2050. La part des plus âgés (85 ans et plus) progressera de manière encore plus spectaculaire, de plus de 2% en 2010 à près de 3% en 2025 et à près de 6% en 2050. Le vieillissement de la population belge va augmenter considérablement le nombre de personnes âgées qui auront besoin de soins à domicile ou de soins en institutions résidentielles.
L’organisation des soins de longue durée pour personnes âgées est divisée entre les niveaux fédéral, régional et communautaire. Depuis 1997, trois protocoles d’accord ont été conclus entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales. Ces protocoles avaient pour objectif de remplacer progressivement les lits pour résidents peu dépendants par des lits pour résidents très dépendants. Toutefois, pour maîtriser les dépenses, un moratoire a été imposé en parallèle, limitant le nombre de nouveaux lits dans les structures résidentielles. Le moratoire est arrivé à échéance le 1er octobre 2011 et de nouvelles propositions doivent être formulées pour l’avenir.
Un modèle de projection basé sur des données nouvelles : une primeur
Ce type de décision politique tire avantage à se baser sur un modèle de projection qui permet de produire des estimations scientifiquement fondées. Le Service Public Fédéral Santé Publique a demandé au KCE de développer un tel modèle, en vue de déterminer le nombre de lits de maisons de repos (MRPA) et de maisons de repos et de soins (MRS) qui seront nécessaires pour les 10 à 15 prochaines années. Le partenariat avec le Bureau fédéral du Plan a permis de disposer du savoir-faire nécessaire pour ce type d’études. Le modèle de projection, basé sur les données d’un large échantillon de la population, tient non seulement compte de variables telles que l’âge et le sexe, mais aussi de la composition familiale, de la disponibilité potentielle d’aidants informels au sein du ménage, de l’évolution de l’état de santé des personnes âgées et de leur recours aux structures résidentielles (p.ex. âge à l’entrée en maison de repos, transition entre niveaux de soins, …) ce qui constitue une primeur dans le domaine.
Une augmentation annuelle de 1.600 à 3.500 lits supplémentaires est nécessaire
La probabilité d’entrer en maison de repos augmente fortement avec l’âge, et est plus élevée pour les personnes qui vivent seules ou qui souffrent de limitations physiques et/ou mentales importantes. Des pathologies chroniques telles la démence, l’accident vasculaire cérébral, le diabète, la fracture de la hanche et la maladie de Parkinson augmentent encore le risque d’être institutionnalisé. A l’heure actuelle, environ 125.000 personnes âgées de 65 ans et plus vivent en maison de repos. Le modèle de projection estime qu’en 2025, 149.000 à 177.000 lits seront nécessaires, ce qui correspond à une augmentation annuelle de 1.600 à 3.500 lits.
Différences entre provinces liées au vieillissement de leur population
L’augmentation attendue est répartie de manière inégale entre les provinces. Dans certaines provinces, telles le Limbourg, on s’attend à de très fortes augmentations alors qu’une baisse est attendue pour Bruxelles. Cette différence est liée à la composition de leur population. Dans le Limbourg, moins de 10% de la population actuelle atteint 85 ans, aussi l’effet du vieillissement sera très prononcé à l’avenir. A Bruxelles, la part des personnes âgées de 85 ans est actuellement élevée et va donc s’atténuer.
Les alternatives résidentielles et les soins à domicile peuvent en partie répondre à la demande croissante
Ces dernières années, un effort particulier a été entrepris par les décideurs politiques pour développer des alternatives à l’entrée en maison de repos (développement des résidences et services flats, des habitats spécialement aménagés pour personnes âgées, offre accrue de soins à domicile). Un effort supplémentaire dans l’offre existante permettrait de contribuer de manière substantielle à répondre à la demande croissante en soins de longue durée. Néanmoins, même si l’offre actuelle en soins à domicile était augmentée de moitié dans les 15 prochaines années, 149.000 lits restent nécessaires pour répondre aux besoins, soit une augmentation annuelle de 1.600 lits.
Après 2025, la demande sera plus aiguë encore
La demande en structures résidentielles ne va pas s’arrêter de croître en 2025. Les 15 à 20 prochaines années doivent au contraire être considérées comme une période transitoire qui connaîtra une croissance modérée de la demande. Après 2025, les premiers baby boomers atteindront l’âge de 80 ans. Commence alors une période marquée par une hausse beaucoup plus accentuée des besoins en soins de longue durée.